Flash back.

L’automne venait d’éclore. On était là, tout les deux, allongés sur le petit lit de ce studio parisien. Ma tête sur son cœur, mon bras entourant son ventre, ma main dans la sienne. Le silence commençait à creuser son trou. Il l’interrompit : « Pourquoi on m’aime ? » Surprise par cette question, ma réponse immédiate fut le mutisme. Je repris : « Tu penses que c’est impossible de t’aimer ? - Oui. » Il avait percé son secret. Aveu d’infortune, jeune ange déchu ne s’aime pas. Le silence avait froid, il faisait monter de lourdes larmes aux coins de mes yeux. « Tu sais, ça me fait mal au cœur que tu puisses penser ça. » Sa réponse fut une moue gênée, comme pour s’en excuser. J’ai pris sa main, joué avec mon nez dans ses cheveux, déposé un baiser sur sa joue, puis rapproché ma bouche de son oreille, j’y ai murmuré : « Je t’aime. » Nos mains se sont serrées dans un silence devenu fragile. « T’as entendu ? - Oui. - Dis-moi que tu t’en fous pas. - Je ne m’en fous pas. » Il avait pour habitude de noyer mes signes de tendresse dans son insolent je-m'en-foutisme. Je voulais lui faire comprendre que l'aimer était possible. On s’est embrassés, plus fort, plus passionnément que les autres fois. Le silence devint trésor et l’atmosphère imbibée de poussières d’émotions.

Nostalgie.

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