Hier soir ça allait super bien.

Mais elle est revenue draper ma tranquillité, perfide angoisse. A une heure du mat’, je me suis levée pour aller casser la croûte, ma mère elle était devant le pc à compter ses sous. Chacun son vice. Quand elle m’a surpris dans la cuisine à m’enfiler une fin de fougasse, elle m’a dit qu'j'étais une grosse conne. Ce à quoi je lui ai rétorqué qu’c’était grâce à ce genre de propos que je me retrouvais la nuit à m’enfouir cette bouffe dans le gosier. Elle a vraiment pas aimé. Je le lui avait jamais dit. J’suis retournée devant la télé, y’avait le Péril jeune, et moi je me sentais de plus en plus en puérile. D’ailleurs elle est repassée me voir, juste pour me dire que je voyais seulement mon ptit’ nombril. J’ai répondu en silence, dans mes tripes, avec d’la rage. Après m’avoir reproché de faire du bruit elle est repartie se coucher. C’est comme ça chez moi, la nuit on ne peut plus chier. J’avais l’angoisse qui montait encore. Il a fallu à peine quinze minutes pour que je l’entende s’taper l’incruste dans la cuisine et vite refermer la porte derrière elle. C’est le bruit de l’aluminium qu’a éveillé mes soupçons. J’ai attendu un peu, puis ouvert cette porte. Elle s’bouffait de la fougasse. J'y croyais à peine, elle a relevé la tête, m’a regardée avec indifférence, un air de "bah quoi?". Je lui ai souri, l’œil amusé.

« En fait, tu fais comme moi. - Moi c’est mes médicaments qui me donnent faim. - T’en prend pas depuis 15 ans des médicaments. - ... »

On l’a fini ensemble ce pain aux lardons. Elle est retournée se coucher, et moi j’ai mater South Park. Ca m’a fait rire. J’ai enfin pu pioncer, il était quatre heures. Ce matin j’écoute la musique du bled, il fait gris. Ca me donne envie d’Adriatique, de cevapcici et d’ajvar. Je voudrais les voir tous, mes moitiés de racines planqués dans les Balkans.

Il est presque 7 heures et je chiale.